On a vu : The Imitation Game

Après de longues semaines pleines à craquer, j’ai enfin pu me ruer vers le Plaza Art de Mons juste à temps pour la dernière séance de The Imitation Game, l’excellent film de Mortem Tyldum. Malgré mon appréhension pour les sièges à vous filer une hernie discale en deux séances, je n’ai pas boudé mon plaisir pendant les deux heures de ce récit palpitant.

Une victoire de 40-45 passée sous silence.

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Une machine Enigma

La Seconde Guerre Mondiale est un des morceaux d’histoire moderne les plus fascinants du 20e siècle. Les historiens s’accordent à dire qu’elle fut avant tout une guerre technologique, il suffit de voir la dégaine des soldats de 14-18 comparée à celle des soldats de 40-45 et on constate rapidement que 20 années à se remettre d’une guerre sanglante auront sagement préparé les nations à un nouveau conflit. Equipements, chars d’assaut, cuirassés de guerre, sous-marins, communications, sciences… Toutes ces technologies ont effectué un bond en avant conséquent et il ne s’agit plus d’envoyer quelques troufions au front pour gagner le conflit.

Parmi ces avancées technologiques, Enigma, le système cryptographié qui permettait aux Nazis de transmettre une dose quotidienne d’ordres et de mises à jour à leurs sous-officiers, au nez et à la barbe des alliés qui n’arrivaient pas à en déchiffrer la moindre syllabe. Alan Turing, Mathématicien pris du syndrome d’Asperger, est intégré à l’équipe chargée de craquer le code, un programme top secret placé sous la tutelle du MI6.

Alors que ses équipiers tentent en vain une approche classique et humaine du problème, Turing décide rapidement de mettre au point un calculateur programmable onéreux qui leur permettra de décoder Enigma sous la contrainte du temps.

De ce challenge et de la complexité de Turing vont naître conflits et rebondissements majeurs. Notamment causés par la nature solitaire et rude du personnage, sa méthode de travail, les suspicions d’espionnage pour le compte des Russes et surtout de son homosexualité qu’il tente de cacher aux yeux d’une Angleterre encore fermement opposée à cette idée.

En filigrane, la controverse de l’homosexualité au 20e siècle.

Alors que bon nombre de militaires se retrouvent entre mecs au front, que les écoles ne sont pas encore mixtes et qu’il est de bon ton de rester entre gars au boulot. Il est toujours inconcevable pour l’Angleterre Anglicane que certains finissent par y prendre du plaisir. Turing le sait et prend des risques pour mener son projet à terme, malgré cette épée de Damoclès, il ira jusqu’à marier sa collègue Joan Clarke pour la garder, elle et son talent de décodage, à ses côtés.

Le film retrace la découverte de son homosexualité par Turing et lui donne un tournant dramatique supplémentaire, rythmant avec brio les bonds narratifs dans le temps. C’est finalement plusieurs années après la fin du conflit que Turing sera condamné pour sa déviance et soumis à la castration chimique un an avant sa mort.

Le film conclut avec une touche d’ironie, évoquant la grâce posthume accordée en 2013 par la Reine Elizabeth, ayant elle-même vécu les atrocités de la guerre et condamné la persécution des Juifs.

The Imitation Game Still

Un film historique époustouflant, levant le voile sur un aspect méconnu de la Seconde Guerre Mondiale.

Le film est une véritable réussite historique et cinématographique. La guerre, bien que vécue par des protagonistes se trouvant à des kilomètres du front, reste oppressante de bout en bout. Le contexte historique est mis en image avec brio et l’enjeu du décryptage ne perd jamais de son souffle. Propulsé par un montage aux petits oignons, l’histoire alterne entre la jeunesse de Turing et son déclin après la guerre.

Le décor est planté en quelques minutes et chaque personnage trouve son importance au fil de l’histoire. Le fil narratif est rythmé de rebondissements crédibles, soulignant chaque détail de l’histoire originale. Le film aura du coup raflé son Oscar (meilleure adaptation) sur 8 nominations dans une compétition où les chefs-d’oeuvre étaient plutôt légion.

The Imitation Game Feat

Des acteurs d’une justesse à toute épreuve, Cumberbatch en tête.

Pauvre Benedict, après avoir explosé dans la série Sherlock (que Fresh Stuff vous conseille vivement de rattraper), il semblerait qu’il ait son ticket pour tous les rôles d’autistes atteints d’Asperger à venir. Ce serait bien dommage de résumer l’acteur à ce seul trait. Néanmoins, il remplit son contrat et incarne très justement un Alan Turing rude et détaché de toute empathie. Malmené par les obstacles qui se mettront sur son chemin vers l’élaboration de Christopher, sa machine à décrypter le code Enigma.

À ses cotés, on retrouve Keira Knightley dans le rôle de Joan Clarke, épaulant Turing dans son parcours. Pétillante et libérée, elle colle intelligemment au modèle de femme forte de la guerre tout en affirmant son intelect. Le tout sans oublier la poignée de scientifiques les entourant, campés par les petits nouveaux de l’acting anglais. Mention spéciale pour Mark Strong en chef du MI6, révélant avec détachement la kyrielle de tours cachés dans sa manche au fil de l’intrigue.

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Une bande-son épatante, signée Alexandre « what else » Desplat.

Après s’être déjà fait remarquer en 2014 pour avoir mis en musique The Grand Budapest Hotel avec justesse et poésie, Alexandre Desplat remet le couvert avec une bande-son qui nous emporte dans l’intrigue en alternant inquiétude et espoir. Á grands coups de cuivres et de cordes frottées, le thème principal nous envoûte et nous prépare pour cette longue bataille avec Enigma avant de laisser place à une musique plus discrète, ponctuant avec justesse l’intrigue et ses rebondissements. De quoi donner envie de se remettre une petite dose d’OST sur le trajet du retour…

Fripon de longue date, spécialiste des intertubes, graphiste, community manager, marketeur et pubeur, tout m’intéresse et je ne pense pas pouvoir tenir 2 minutes sans regarder un écran… Le gars.

KLSN

Fripon de longue date, spécialiste des intertubes, graphiste, community manager, marketeur et pubeur, tout m'intéresse et je ne pense pas pouvoir tenir 2 minutes sans regarder un écran... Le gars.

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